Il s’était sans doute trompé. Quand il revint dans le cabinet, il retrouva le chat violet sur le bureau et ronronnant. Bien que les cheveux de M. Petito fussent frisés, ils se dressèrent sur sa tête. L’horreur qui s’était emparée de lui n’était comparable qu’à l’autre horreur, de l’autre côté du mur.
M. Petito resta immobile, dans la lune bleue, même après qu’il n’entendit plus ronronner le petit chat violet. Et puis il se décida et, sur ses savates de corde, il fit quelques pas. D’une main timide, il se saisit du petit chat violet et le mouvement qu’ainsi il lui imprima fit que le ronron recommença. Il se rendit compte alors que, dans le ventre en carton du chat, il y avait une petite bille et que le balancement de cette petite bille dans ce ventre de carton simulait fort ingénieusement un ronron naturel. Comme il avait eu très peur, il se traita d’imbécile. Tout s’expliquait. N’avait-il point, avant de retourner dans le vestibule, remué le chat ? Au lieu de l’avoir posé sur la table à thé, comme il le croyait, il l’avait reposé sur le bureau : c’était simple. Là-dessus, il fit bien attention à mettre le chat violet ronronnant sur la table à thé.
Il ne faut pas oublier que le ronron qui n’épouvantait plus M. Petito recommençait à épouvanter Théophraste et sa femme, tandis que le second ronron qui avait défrisé de terreur les cheveux de M. Petito avait, au contraire, laissé le ménage Longuet indiffèrent.
Il y eut un nouveau bruit dans l’escalier. (C’était Mme Petito qui, surprise par un courant d’air, fort mal à propos, éternuait.) M. Petito se reprécipita dans le vestibule, en silence. Quand, rassuré, il revint dans le cabinet, le chat violet ronronnant était retourné sur le bureau.
Il crut qu’il allait mourir d’effroi. Il pensa qu’une