la croix, les jours d’exécution, en face la rue de la Vannerie. Enfin, là se trouvait le vieux port à charbon. Je ne passais jamais sur cette place sans prononcer cette phrase : Il faut éviter la roue ! C’était un conseil que je donnais aux camarades, à Bourguignon, à Bel-à-Voir, à Gatelard et à la Tète-de-Mouton. Aucun, du reste, je le parierais, n’en a profité.
» — Ni toi non plus ! me fit Adolphe. Malheureux ! c’est là que tu as subi le dernier supplice ! C’est là que tu as été roué ! C’est là que tu as expiré dans les tourments de la roue !
» Il était très animé en disant cela, mais je lui éclatai de rire au nez !
» — Qui est-ce qui t’a raconté cette farce-là ? m’écriai-je.
» — Tous les historiens sont d’accord…
» — Ce sont de foutues bêtes ! Je sais peut-être bien que je suis mort au gibet de Montfaucon !
» — Toi ! tu es mort au gibet de Montfaucon ? Qu’est-ce qui m’a fichu un âne pareil ? s’écria Adolphe qui ne se possédait plus. Tu es mort en 1721 au gibet de Montfaucon ? Mais il y avait beau temps qu’on n’y pendait plus !
» Mais je criai beaucoup plus fort que lui, et nous devînmes le centre d’un rassemblement.
» — Je ne te dis pas que je suis mort pendu ! Je te dis que je suis mort au gibet de Montfaucon !
» Disant cela, ou plutôt criant cela, je semblais prendre à témoin les quarante personnes que notre altercation semblait intéresser et à laquelle, du reste, ils ne comprenaient rien, à l’exception d’un monsieur intelligent qui, lui, avait saisi, car il s’adressa à Adolphe et lui dit d’une voix incomparablement calme, en me montrant :