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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

se jetant, après la dénonciation, dans les bras de l’Enfant, à l’Hôtel de Ville même.

Je ne reproduirai point ici toutes les protestations de M. Longuet contre la mort déshonorante qu’on attribue à Cartouche, mais les quelques lignes qui précèdent semblent bien à mes yeux prouver à priori qu’il a raison.

Quelle fut donc la mort réelle de Cartouche ? Montrons un peu de patience. Nous allons en être informés avant qu’il soit longtemps, car le déroulement de cette aventure va nous faire assister à la mort de Cartouche, à sa vraie mort, sans qu’il soit possible d’en douter.

Du reste, comment pourrions-nous anticiper ? En ce moment, M. Théophraste Longuet sait qu’il est mort sur la butte, au gibet de Montfaucon, où il n’a pas été pendu, mais c’est encore tout ce qu’il sait.

C’est en s’entretenant de cette grave question que Théophraste et son ami arrivèrent rue du Petit-Pont, sans être passés sur le Petit-Pont. Théophraste ne regarda même pas du côté du Petit-Pont. Qu’est-ce qu’ils allaient faire rue du Petit-Pont ? Théophraste n’en savait absolument rien, mais Adolphe était fixé, lui.

— Mon cher ami, dit Théophraste qui était dans un état moitié de souvenir, moitié de possession, regarde cette maison, à côté de cet hôtel qui porte pour enseigne : « Au rendez-vous des Maraîchers », et dis-moi ce que tu y trouves de remarquable.

Ils étaient alors en face d’une vieille petite maison basse, étroite et sale ; cette maison était un hôtel : au rez-de-chaussée s’ouvrait la porte d’un débit de boissons. Au-dessus de la porte, on lisait : « Au rendez-vous des maraîchers. »

L’hôtel était appuyé ou plutôt semblait se soutenir