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Page:Leroux - La Double Vie de Théophraste Longuet.djvu/170

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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

lui donner, chaque fois, tous ses noms), Théophraste, disons-nous, fut au comble de l’étonnement. Mais, comme il ressentait une sympathie immédiate pour cet homme qui lui apparaissait en des circonstances si imprévues et dans un cadre quelque peu démoniaque (pensait-il), il résolut de lui demander bravement la raison de tout ce qu’il voyait.

— Je ne sais où je suis, dit Théophraste. Ce qui me rassure un peu, c’est de voir à côté de vous, monsieur, mon ami Adolphe et ma femme Marceline. Cependant, avant tout, je voudrais savoir votre nom.

— Mon ami, dit la voix harmonieuse, je m’appelle Éliphas de Saint-Elme de Taillebourg de la Nox.

— Vous vous appelez vraiment comme ça ? demanda Théophraste qui, peu à peu, retrouvait ses esprits.

L’homme de lumière fit un signe affirmatif de la tête en souriant.

— Après tout, reprit Théophraste, il n’y a rien d’étonnant à cela. Je m’appelle bien, moi, de mon vrai nom, de mon nom de famille, Cartouche[1], et l’on a cru longtemps que ce nom m’avait été donné en sobriquet.

— Vous ne vous appelez pas Cartouche, fit doucement Éliphas ; vous vous appelez Théophraste Longuet.

— L’un n’empêche pas l’autre ! dit fort logiquement Théophraste, qui, mieux que personne, savait à quoi s’en tenir.

— Pardon ! répliqua plus doucement encore Éliphas, il ne faut pas qu’il y ait dans votre esprit de confusion. Vous vous êtes appelé autrefois Cartouche, et maintenant, vous êtes Théophraste Longuet.

Il répéta :

  1. Cartouche était le vrai nom de Cartouche.