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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

laisser les siens au bord de la première rivière qu’il rencontrera ; cet acte si simple constituera un acte de suicide en règle. Voilà Adolphe et Marceline bien tranquilles. Pensée émue de M. Longuet à l’adresse de Marceline et d’Adolphe.

Au bord de quelle rivière M. Longuet déposa-t-il ses habits ? Comment M. Longuet rentra-t-il à Paris ? Ceci n’a point d’importance ; il n’y a qu’une chose qui soit vraiment importante, c’est l’explication de la disparition du train. Cette explication fut donnée à Théophraste par M. Mifroid dans les circonstances que voici et qui valent d’être rapportées en détail.

Au crépuscule, un ouvrier chantait sur une place de Paris du côté de l’ancien quartier d’Enfer, l’hymne qui, quelques mois plus tard, devait devenir si populaire : j’ai nommé l’Internationale.

Cet ouvrier terrassier travaillait avec quelques compagnons à la « réfection de la voie ». Celle-ci, en effet, avait subi certains dommages à la suite de la construction d’un nouvel égout.

La voie, en certains endroits, avait fléchi. Même, une maison de la place, une lourde récente maison à sept étages, s’était inclinée. Les ingénieurs de la Ville voulurent bien s’intéresser à ce menaçant état de choses. On n’ignorait pas que, surtout dans ce quartier, les catacombes avançaient leurs tunnels innombrables, leurs couloirs millénaires, et que certaines bâtisses, qui dressent avec audace leurs épaisses murailles immobiles, ont une vie architecturale aussi précaire que celle d’un château de cartes, car elles reposent sur les voûtes branlantes des antiques carrières gallo-romaines.

Donc, on se résolut à des travaux restreints qui devaient donner une sécurité immédiate. Le jour qui nous occupe voyait la fin de ces travaux. L’ouvrier qui