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Page:Leroux - La Double Vie de Théophraste Longuet.djvu/280

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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

munication urgente, quoique tardive, au plus proche commissariat, sur l’état mental bicentenaire du malheureux marchand de timbres en caoutchouc.)

Donc, M. le commissaire de police Mifroid, qui avait connu notre héros à l’état de Théophraste, puisqu’il avait dîné chez lui, et qui le reconnaissait à l’état de Cartouche, s’écria en bondissant vers lui :

— C’est Cartouche !

Théophraste, depuis quelques nuits, savait ce que lui voulait la police. Quand il vit M. Mifroid et quand il entendit ces mots : « C’est Cartouche ! » il se dit : « Il est temps que je me trotte ! » et il détala…

Le commissaire, derrière lui, courut…

Revenons à l’ouvrier. Il chantait toujours l’Internationale. Ses camarades venaient de le quitter, à cause d’une tournée chez le marchand de vin. Il en était au refrain. C’était la soixante-dix-septième fois que, depuis deux heures de l’après-midi, l’ouvrier en était au refrain, mais tout le monde sait que lorsqu’on a une chanson dans la tête…

L’ouvrier disait :

Cellalutte finale
Groupppons-nous etddemain…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ayant tourné la tête, il ne vit pas deux ombres qui dégringolaient dans son trou ; c’étaient les deux ombres de Théophraste et du commissaire de police Mifroid, celle-ci poursuivant celle-là, à l’heure du crépuscule, ombres qui, dans leur précipitation imprudente, venaient de choir dans les travaux de réfection de la voie.

L’ouvrier retourna la tête et gueula, dans un vaste enthousiasme :