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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

maintenant treize lampes, ce qui, à quarante-huit heures au minimum d’électricité pour chacune, nous donnait cinq cent vingt heures de lumière consécutive. Il ajouta que, comme il fallait considérer qu’au préalable nous pouvions rester dix heures par jour sans lumière, à cause du sommeil et du repos de midi (M. Longuet avait l’habitude de la sieste), son calcul lui donnait donc, à quatorze heures de lumière par jour, trente-sept jours plus deux heures de lumière pour le trente-huitième jour.

» Je dis à M. Longuet :

» — Monsieur Longuet, vous êtes tout à fait vieux jeu. Cartouche, enfermé dans les catacombes, n’en eût pas agi autrement avec des lampes électriques. Mais moi, monsieur Longuet, moi, je prends vos sept lampes et j’y joins trois des miennes, et voilà ce que je fais de ces dix lampes !…

» Et je les jetai négligemment loin de nous. J’ajoutai :

» — Nous n’avons que faire de trimballer ces impedimenta. Avez-vous faim, monsieur Longuet ?

» — Oh ! très faim, monsieur Mifroid.

» — Combien de temps pensez-vous pouvoir avoir faim ?

» Comme M. Longuet semblait ne pas comprendre, je lui expliquai que j’entendais par là lui demander combien, selon lui, il pouvait rester de temps à avoir faim sans manger.

» — Je crois bien, assura-t-il, que s’il me fallait rester quarante-huit heures avec cette faim-là…

» — Mettons, interrompis-je, que vous restiez sept jours avec cette faim-là ; trois lampes nous suffisent donc, car au bout de ces trois lampes nous n’aurons plus besoin de lumière !…