Aller au contenu

Page:Leroux - La Double Vie de Théophraste Longuet.djvu/332

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
314
LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

» Je leur souhaitai : bonne chasse ! et ces jeunes gens partirent pleins de gaieté, c’est-à-dire moult réjouis. Ils se contaient leurs exploits passés ; et il y en avait grand’multitude et grand’foison.

» Grâce à quelques indications qu’ils me voulurent bien donner, je retrouvai la demeure de dame de Montfort, qui m’attendait à la fenêtre et, du plus loin qu’elle me vit, agita son mouchoir de peau de rat. Je la rejoignis, et nous commençâmes à parler moult sagement. Je lui demandai si elle était mariée ; elle se mit à rire, et je vis que je n’avais rien à craindre du mari. Elle me demanda ce que je faisais sur le dessus de la terre « de mes vingt doigts ». — De mes dix doigts ! répliquai-je, ce que je fais de mes dix doigts ? Je suis commissaire de police !

» Elle ouvrit, à ces mots, de grandes oreilles et me demanda ce que faisait mon ami ; je lui répondis que sur le dessus de la terre, c’était un voleur…

» Elle ne savait ce que c’était qu’un commissaire de police ni qu’un voleur !

Le bruit bientôt se répandit par la ville que nous avions des métiers inconnus, et une grande foule survint qui nous suppliait ne leur montrer comment nous faisions sur le dessus de la terre.

J’envoyai quérir Théophraste.