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UNE ANCIENNE CONNAISSANCE

plus définitive tristesse. Voyez le pauvre homme dans la clarté vacillante du réverbère. Il secoue la tête. Ah ! comme il secoue lamentablement sa misérable douloureuse tête. À quoi songe-t-il, le triste homme, pour ainsi, à plusieurs reprises, secouer, secouer la tête ? Sans doute, cette idée qu’il eut d’aller troubler le repos de sa chère Marceline ne lui paraît point, à cette heure, une idée raisonnable, et il la repousse, en effet, car son pas pesant et languissant ne le conduit point vers les hauteurs de la rue Gérando…

Quelques minutes plus tard, il se trouve place Saint-André-des-Arts, puis il s’enfonce dans le boyau obscur de la rue Suger. Il sonne à une porte. La porte s’ouvre. Dans l’allée, un homme en blouse, un bonnet de papier sur la tête, une lanterne à la main, demande « ce qu’on veut ».

— Bonsoir, Ambroise, dit Théophraste. Tu veilles encore à cette heure ? C’est moi ! Il m’en est arrivé des histoires depuis la dernière fois que je t’ai vu !…

C’était vrai. Il était arrivé à M. Longuet beaucoup d’histoires depuis qu’il avait vu Ambroise, car il ne l’avait pas revu depuis que celui-ci lui avait donné son avis sur le filigrane trouvé dans les caves de la Conciergerie. Et le lecteur se souviendra peut-être que ceci survint tout au début de cette histoire.

— Entre, dit Ambroise. Tu es chez toi.

— Je te raconterai tout ça demain, dit Théophraste ; ce soir, je voudrais bien dormir.

Ambroise montra son lit à Théophraste, qui s’y étendit et dormit aussitôt du pur sommeil du petit enfant…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Les jours suivants Ambroise voulut faire parler Théophraste, mais chose singulière, celui-ci conserva le plus