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LE DERNIER GESTE…

suite pour cette malheureuse Mme  Longuet qui fut vraiment trop punie de ses faiblesses à l’endroit de M. Lecamus…

… Pauvre Théophraste ! Pauvre Marceline ! Voilà donc, ô homme, comme tu devais traiter la femme qui fut si longtemps l’orgueil et la joie de ton foyer ! Voilà donc, ô femme ! à quel trépas lamentable devait te conduire ta nature adultère mais droite ! Mais M. Lecamus me dégoûte.

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Il est neuf heures du soir, la saison est avancée, la nuit est opaque. M. Longuet monte le long, tout le long du coteau où se dressent les murs de la villa « Flots d’Azur ». La main tremblante, il pousse avec combien de précautions la petite porte de derrière du jardin. Il traverse le jardin, tout doucement, en s’arrêtant à chaque pas, comme un voleur. Ah ! Théophraste, comme tu es abattu, Théophraste. Comme je te plains ; ô toi qui retiens de la main gauche ton cœur plus bondissant que dans cette nuit où ronronna le petit chat violet. Ton bon cœur, ton immense cœur, tout chargé d’amour encore pour cette femme que tu veux voir heureuse ! et qui ne peut plus l’être avec toi… Une lumière dans le salon… La fenêtre est entr’ouverte… Tu avances à petits pas, Théophraste, et puis tu allonges, tu allonges la tête… Ah ! qu’as-tu vu dans le salon… Pourquoi ce gémissement lugubre s’échappe-t-il de tes lèvres ? Pourquoi te prends-tu le front entre tes mains fiévreuses, tes mains qui arrachent les mèches blanches de ton front ?… Qu’as-tu vu ?… Après tout, qu’importe ce que tu as vu, puisque tu es mort ? Tu as voulu la voir heureuse, ta femme ? Sans doute que tu sais maintenant à n’en pouvoir douter jamais, pendant cent mille ans, qu’elle est heureuse ? Pitoyable cocu, éloigne-toi… que