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QUI SE TERMINE PAR UNE CHANSON

pas à parler de son affaire à Adolphe. Il trouvait qu’il y avait déjà trop de mystère en tout ceci pour y mêler encore l’imagination débordante d’un médium qui se disait élève de Papus.

Il ne connaissait M. Petito que pour l’avoir salué dans l’escalier ; il préférait cela. Il éviterait ainsi bien des questions.

Il se fit annoncer. On l’introduisit.

Il se trouva en face d’un homme d’âge moyen, dont les caractéristiques étaient des cheveux frisés en abondance, un regard perçant et des oreilles énormes. Après les politesses d’usage, Théophraste aborda l’objet de sa visite. Il tira de son portefeuille le papier de la Conciergerie et une lettre non signée qu’il avait écrite lui-même huit jours auparavant, mais qu’il n’avait pas expédiée pour des raisons de commerce que nous n’avons pas à apprécier ici.

— Monsieur Petito, commença-t-il, je sais que l’on vous dit grand expert en écritures. Je vous serais reconnaissant d’examiner cette lettre et ce document et de me confier ensuite le résultat de vos observations. Je prétends, moi, qu’il n’y a aucun rapport…

Il s’arrêta, plus rouge que pivoine. Théophraste n’avait pas l’habitude de mentir. Mais M. Petito considérait déjà d’un œil savant le chiffon et la lettre. Il souriait en montrant ses dents, qu’il avait fort blanches.

— Monsieur Longuet, dit-il, je ne vous ferai pas attendre ma réponse. Ce document est en bien mauvais état, mais les morceaux d’écriture qu’on y peut lire encore sont en tout point semblables à l’écriture de la lettre. Devant les tribunaux, monsieur Longuet, devant Dieu et devant les hommes, ces deux écritures ont été tracées par la même main !