Aller au contenu

Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
GASTON LEROUX

juste ce que ce monsieur-là fait de ses victimes ?… On n’a pas retrouvé tous les cadavres faits par Bénédict Masson !… surtout les cadavres de femmes !…

Or, voilà que le lendemain du jour où parurent ces articles, il se produisit un événement qui acheva de tourner les têtes…

Une dame, jeune et jolie, qui était entrée dans un grand magasin des environs de l’Opéra pour acheter une paire de gants (du 6 1/4) fit entendre un cri, porta la main à sa hanche et dit dans un soupir : « On m’a piquée !… »

Elle tourna la tête n’aperçut que des indifférents qui passaient : « On m’a piquée ! on m’a piquée ! »

Alors on se précipita… Le chef de rayon, accompagné déjà d’une foule inquiète, conduisit la jeune dame défaillante à la porte d’un vestiaire où elle resta enfermée avec une employée de la maison pendant quelques minutes, au bout desquelles, l’employée réapparut en disant au chef de rayon : « Vite, un taxi ! »

Et cette employée avait les mains rouges !…

L’émotion fut considérable… Il n’y eut qu’un cri : la poupée ! la poupée !…

Chez certains, la crainte l’emporta et ils quittèrent en hâte l’établissement ; chez les autres, la curiosité fut la plus forte. Ils restèrent pour voir sortir la dame qui était fort pâle, que l’on soutenait, que l’on mit dans un taxi et qui fut accompagnée jusque chez elle par deux inspecteurs de la maison. Un agent requis monta sur le siège !…

Ce fait divers, relaté dans la presse du soir, eut un retentissement incroyable !… De toute évidence, la poupée était à Paris !… Il fallait bien qu’elle fût quelque part !… Du moment qu’on ne la trouvait pas en province, elle s’était réfugiée dans la capitale ! Où, mieux que là, eût-elle passé inaperçue ?