Aller au contenu

Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA MACHINE À ASSASSINER
145

Il poussa un cri en portant la main à la place attaquée, se retourna d’un bloc pour surprendre son lâche agresseur, n’eut que le temps de voir disparaître au coin de la rue une forme vague et bondissante, appela immédiatement à son aide :

— À moi !… je suis piqué ! je suis piqué !…

Aussitôt des sergents de ville accoururent… qui l’arrêtèrent !

— Oui, oui ! mon vieux ! tu l’es piqué ! tu l’es plus que tu ne le crois !… Mais, calme-toi ! nous allons te soigner !

D’abord il ne comprit point ce qu’on lui voulait. Il ne commença à se faire une idée approximative de son aventure qu’au poste où il fut projeté, en attendant l’arrivée de M. le commissaire, dans une petite pièce sombre et puante déjà occupée par quelques clients d’occasion.

— Mais, messieurs les agents !… je ne demande qu’à être examiné !… protesta-t-il, éperdu : je souffre !… Je vous jure que j’ai été piqué !…

— Ah ! tu as été piqué !… grogna l’un de ces dévoués représentants de la force publique, en avançant sur le pauvre homme un visage de guerrier énergique, fortement moustachu… Ose dire encore que tu as été piqué !…

— Oui, monsieur l’agent, j’ai été piqué !

— Eh bien !… et ça, « est-ce que ça pique ?… »

Et le représentant de la force publique envoya rouler sur le banc, d’une solide caresse de son poing entre les deux yeux, M. Thibault, petit rentier des Batignolles.

Sur quoi, la porte se referma…

Une demi-heure plus tard, elle se rouvrait :

— L’homme qui a été piqué ! appela l’agent…