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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/152

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GASTON LEROUX

— Eh bien ! monsieur, j’y étais… et si j’y étais, alors que la poupée n’y était plus, soyez persuadé qu’il y avait une puissante raison à cela…

— Qu’est-ce que vous allez encore me raconter ?

— Une chose épouvantable !

— Épouvantable ?

— Épouvantable !… Nous sommes bien seuls ?

M. Lebouc se leva, s’assura de la fermeture des portes, revint à son chef et lui parla bas à l’oreille pendant au moins cinq minutes…

M. le directeur d’abord jura, puis injuria… et puis se tut et écouta. Et puis croisa les bras sur sa poitrine haletante et enfin éclata :

— Ça n’est pas possible ! ça n’est pas possible !

Lebouc, un peu pâle, se taisait maintenant.

M. Bessières lui saisit les mains à les lui broyer !

— Écoutez… « l’Émissaire ! » vous n’êtes pas un imbécile. Eh bien ! il faut vous taire ! et ne rien faire, absolument rien ! sans que je vous aie dit : « Allez ! » Je cours tout de suite chez le ministre ! Attendez-moi ici !…

Un quart d’heure plus tard, M. Bessières était de retour dans son cabinet. Il en était parti congestionné, la figure prête à éclater et telle un boulet rouge. Il y revint plus pâle que M. Lebouc.

— Savez-vous ce que le ministre m’a dit, « l’Émissaire » ?… Il m’a dit que vous étiez plus dangereux que la poupée ! Et maintenant, f… le camp ! Et surtout, silence, n. de D. !…

Le lendemain matin on lisait ces quelques mots en première page, sous une grosse manchette de l’Époque :