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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/164

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GASTON LEROUX

— Juste… Et on le prépare ici !… Si vous étiez passé par la cuisine, vous auriez vu « le régime » que la servante va porter à Bridaille et à Verdeil !… Mais c’est moi, sans contredit, qui suis le plus malade, et c’est moi qui ai le plus fort régime, comme ça se comprend tout seul !… Monsieur ! d’avoir reparlé de ça ! je sens que mon moral est repris !… je vais attaquer la poularde !… »

Achard ne souriait pas. Jacques non plus, du reste… Il résista à une dernière offre de son hôte, prit congé, remonta tout de suite dans son auto…

Il s’arrêta devant la demeure du docteur Moricet où la servante lui dit que « monsieur était absent et ne serait point de retour avant la nuit… » Là-dessus, il s’en fut au garage Verdeil, qui était au carrefour de trois routes, au coin du pont, et se livra à une rapide enquête auprès du garçon de qui il tira ce renseignement sûr que l’auto qui l’intéressait avait fait de l’essence et avait réparé le mardi précédent pour se lancer de là sur la route de Saumur, c’est-à-dire à l’ouest… Muni de ce renseignement, il en profita, au grand ahurissement du garçon pour prendre la route de l’est, qui conduit en Sologne…

Cependant, il repassait au même endroit à dix heures du soir et allait coucher à Saumur…

Le lendemain matin, à Saumur, il apprenait que les deux voyageurs qu’il recherchait étaient descendus, vers les deux heures du matin, le mercredi précédent, dans le même hôtel que lui, qu’ils avaient demandé deux chambres, que, levés à l’aurore, ils avaient laissé en garde au garage de l’hôtel leur petite auto à conduite intérieure et qu’ils avaient fait porter leur bagage à la gare… Jacques put voir l’auto et s’assurer ainsi qu’il était toujours sur la bonne piste.

En interrogeant le porteur de l’hôtel, il apprit que les deux voyageurs avaient pris un billet direct pour Nice !