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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/180

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GASTON LEROUX

— Oh ! mon pauvre Jacques ! gémit-elle tout de suite, mais il faut te soigner !… Qu’est-ce que tu as ?

— Tu me le demandes fit-il. Rien de bien grave, va. J’ai froid au cœur !

Et il se mit à éternuer.

— Oui ! eh bien ! tu vas te coucher, et tu vas te laisser soigner. Ta respiration est déjà embarrassée. Catherine et moi, nous allons te mettre des ventouses.

Le malheureux fit entendre un rire déchirant.

— Et Gabriel ? Est-ce que tu lui mets des ventouses, à Gabriel ?

— Mais non, mon ami, il se porte très bien, répondit Christine avec une candeur un peu étonnée. As-tu donc oublié qu’il ne craint ni le chaud, ni le froid ?

— Non ! non ! certes. Je ne l’ai pas oublié. Heureux Gabriel ! Pas de rhume de cerveau. Pas de coryza ! dirait M. Birouste, en le déplorant, du reste. Avec Gabriel, le commerce des herbes fait faillite. Pas de fumigations, et quant à la vaseline mentholée pour les fosses nasales…

— Jacques ! si c’est pour me donner le spectacle de ta glaciale ironie…

— Glaciale est le mot, ma chère Christine. Je suis ironique parce que je suis glacé ! Pardonne-moi cet accès de mauvaise humeur…

— Indigne d’un homme comme toi !

— Indigne d’un homme comme moi ?…

— Qu’as-tu fait de ton esprit supérieur ?

— Puisque tu me le demandes, je te répondrai que je n’en sais plus rien !… J’ai dû le laisser en route… quelque part, dans les neiges !…

— Au fond, vous êtes bien tous les mêmes, les hommes !… Vous êtes très forts ! vous vous sentez des muscles à escalader le ciel ; mais, au moindre bobo,