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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/182

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GASTON LEROUX

— Et que t’a-t-il dit pour te convaincre de cela ?

— Jacques, tu te rappelles que, lorsque nous travaillions au « grand œuvre » et que tu t’occupais des yeux, tu me disais : « Il verra, mais je ne crois pas qu’il pleure « jamais… »

« Eh bien ! il a pleuré !…

« Ah ! quand j’ai vu couler ces larmes sur la cire de son visage, il m’a semblé que son âme, que nous avions enfermée dans une boîte, en sortait pour me dire : « Christine ! voici ton œuvre vivante, non plus le geste d’un automate, mais ma douleur que tu as voulue éternelle !… Es-tu satisfaite ? »

« Alors, j’ai essuyé ses larmes, mais elles n’ont cessé de couler que lorsque je lui ai dit : Cesse de pleurer, Gabriel, car je crois à ton innocence ! »

— Ah ! ah !… vous vous tutoyez !…

— C’est tout ce que tu trouves à me dire ! Cependant le sujet est grave…

— Si grave, Christine, non seulement pour lui, mais pour nous tous, que je n’ai pas hésité ce soir à venir troubler…

— Quoi ?…

— Rien !… Parlons de l’innocence de Bénédict Masson !… Pendant ce temps-là, j’essayerai d’oublier Gabriel !…

— Jacques ! Jacques !… Tu as de mauvaises pensées !…

— Je suis un homme !…

— Mais Gabriel n’est pas un homme !…

— C’est pire !

— N’est-ce pas toi qui l’as voulu ainsi ?

— Parlons de son innocence, te dis-je… de son