Aller au contenu

Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
206
GASTON LEROUX

ménale poupée, on se traitait couramment d’imbécile… Enfin, parmi ceux qui admettaient son existence, les uns étaient pour son innocence, les autres pour sa culpabilité ou tout au moins pour sa complicité.

Voici pour l’« intérieur »… Pour l’« extérieur », c’était bien autre chose ! Le ministre des affaires étrangères qualifiait brutalement, lui, ces indiscrétions de criminelles !

Le dernier article de l’Époque pouvait nous mener loin avec son évocation des mœurs de l’Inde ; sans compter qu’on y trouvait suffisamment de précisions pour mettre en émoi toute la haute aristocratie anglaise, qui n’admettrait jamais que même dans le cas où l’un ou plusieurs de ses membres fussent réellement coupables — ce qui restait à démontrer — la réputation du parti conservateur s’en trouvât compromise !

Se mettre à dos le parti conservateur ! — en deçà et au delà de la Manche — dans un moment où l’on avait besoin de la bonne volonté de tous pour résoudre certains problèmes internationaux d’où dépendait l’équilibre de l’Europe, c’était insensé !

Cela méritait le cabanon ou le poteau ! ou tout au moins la destitution… À bon entendeur salut, M. Bessières !

Si l’on n’était pas content, à la place Beauvau ni au quai d’Orsay, que dirions-nous de ce qui se passait place Vendôme, au ministère de la justice et boulevard du Palais ? Il y avait beau temps que l’ex-substitut du procureur de la République, devenu avocat général à la cour de Paris, M. Gassier, avait rejeté toute l’affaire de la poupée sur M. Bessières ! On ne le lui envoyait pas dire à celui-ci. Tant pis pour le chef de la Sûreté générale, qui avait été assez malavisé pour ordonner une enquête sérieuse — dans toutes les formes — sur un événement aussi invraisemblable ! M. Gassier ne niait pas lui avoir envoyé Lavieuville !… Mais il lui avait expédié cet