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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/212

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GASTON LEROUX

assuré des partisans de sa suppression, sans compter la joie insupportable de messieurs les assassins !…

Conclusion… Ou la poupée existait ou elle n’existait pas !… Si elle n’existait pas, il ne fallait pas l’inventer (réfléchis bien à ceci, ô Jacques Cotentin !) et si elle existait, eh bien… il fallait la supprimer !… l’anéantir sans autre forme de procès, vous m’avez compris ?… Ceux qui n’ont pas compris cela ne seront jamais des hommes d’État ! je vous le dis entre les deux yeux, monsieur Bessières ! (extrait d’un bref dialogue entre M. le directeur de la Sûreté générale et le chef de cabinet particulier du ministre).

Sur quoi, M. Bessières, mélancolique, rentrait chez lui en se disant : « Avant de la supprimer, il faudrait l’arrêter !… mais dans le cas où je l’arrêterais, je ne la supprimerais pas !… Ils m’ont tellement causé d’ennuis avec leur poupée que je leur en ferais cadeau tout de suite ! »

Cette façon de concevoir son rôle dans cette histoire n’était point dénuée chez M. Bessières d’un certain machiavélisme.

Hélas ! cela ne devait point lui porter bonheur !…

Et nous allons tout de suite voir comment…

Ce jour-là, il y avait à l’institut une grande séance à propos de la poupée !… son existence allait y être discutée ou plutôt sa possibilité d’existence !… Nous avons relaté plus haut les perturbations apportées par la poupée dans les domaines administratif et judiciaire, mais qu’étaient-elles en vérité à côté de la rumeur soulevée sur le terrain scientifique !

Une double tempête venue de deux points opposés de l’horizon, soufflées, l’une par le professeur Thuillier, l’autre par le doyen de l’école, le professeur Ditte, avaient fini par se rencontrer dans une tornade effarante qui venait de pénétrer sous les voûtes de l’institut et y exerçait des ravages à faire sauter les toits !