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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/36

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GASTON LEROUX

— Elle est prise dans le coin de la porte, fit l’horloger.

— Il est entré là l s’écria Jacques… oui ! il est là !… Il est chez Mlle Barescat !…

Et aussitôt, des coups répétés furent frappés contre la porte…

Personne n’y répondit…

Alors, ils appelèrent : « Mademoiselle Barescat !… Mademoiselle Barescat !… » mais ce fut en vain…

— Ça, c’est extraordinaire !… Hé !… Mademoiselle Barescat !… Mademoiselle Barescat !…

Et les coups reprirent avec furie…

Une fenêtre s’ouvrit dans la rue et une voix s’exclama :

« Qu’est-Ce que vous lui voulez à Mlle Barescat !… À cette heure-ci, il y a longtemps qu’elle est couchée, Mlle Barescat !… »

Et la fenêtre se referma vivement… Il faisait très froid… il tombait de la neige… et puis, il y avait peut-être bien aussi de la peur dans la rue !…

Maintenant l’horloger et Jacques ne frappaient plus… Ils défonçaient la porte…

Jacques se ruait contre elle et s’y meurtrissait l’épaule… Le pauvre verrou ne résista pas longtemps…

La porte s’ouvrit… ils se précipitèrent dans le noir !… Dans le noir et le silence.

Ils appelèrent encore Mlle Barescat !… Jacques alluma son briquet à la lueur duquel il aperçut, avec l’étrange relief que donne un faible foyer de lumière aux objets qu’il fait surgir la nuit, quatre statues les bras en l’air, la bouche ouverte, les yeux immenses…

La cendre chaude du Vésuve n’a pas plus immobilisé dans leurs derniers gestes les habitants de Pompéi que la peur, la Grande peur (celle qui est soufflée à certaines grandes époques de l’histoire sur les humains par une émanation des enfers, par une exhalaison du grand