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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/98

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GASTON LEROUX

cence de Bénédict Masson ! Cela prouve que Bénédict Masson a eu un ou des imitateurs, voilà tout ! Ce n’est pas la première fois qu’une épidémie de ce genre se manifeste dans une contrée où les esprits ont pu se trouver, en quelque sorte, suggestionnés par les événements !…

— Eh bien, s’il a eu des imitateurs, trouvez-les !… répliquait-on au procureur.

Je vous prie de croire qu’on les cherchait.

Nous avons dit que les inspecteurs de la Sûreté générale étaient « sur les dents ». Quant à leur chef, M. Bessières, on racontait déjà qu’il était question de le remplacer. Nous vous laissons à penser s’il fit bon accueil à l’huissier qui lui annonça, le matin où nous nous transportons dans ses bureaux, qu’un visiteur demandait à lui parler pour faire des révélations de la plus haute importance sur les crimes de Corbillères…

— Faites entrer ! s’écria-t-il.

Et en même temps, il appuyait sur un bouton de sonnette placé sous son bureau.

Tandis qu’on introduisait le personnage annoncé, un soi-disant « secrétaire » venait s’installer à une petite table où il y avait « tout ce qu’il faut pour écrire », quand on n’écrit pas à la machine.

M. Bessières, après avoir fait un signe discret à son employé, dévisagea le nouveau venu… c’était un vieillard.

Il était fort agité, congestionné, enflammé. Il regardait le chef de la Sûreté générale avec des yeux hagards. « Serait-ce un fou ? » se demanda aussitôt M. Bessières. Mais le visiteur lui parut d’esprit plus sain, en dépit de son agitation, lorsqu’il l’entendit déclarer tout d’une haleine :

— Monsieur le directeur, vous pouvez être tranquille ! la justice n’a point condamné un innocent. Il y a une