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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/118

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LA POUPÉE SANGLANTE

petites histoires de broucolaques que j’ai continué à feuilleter, du reste, et qui ont fini par me rebuter par leur stupidité.

Christine l’aurait vue, elle. Où ? Quand ? Comment ? Je n’en sais rien.

Elle m’a dit que la marquise était redevenue languissante, et que Saïb Khan la voyait presque tous les jours.

— Vous êtes bien en retard ? fis-je à Christine en la regardant bien dans les yeux.

— Pourquoi me regardez-vous toujours ainsi ? me répondit-elle en accentuant son sourire. On dirait que vous avez toujours quelque chose à me reprocher.

— Eh ! je n’ai pas autre chose à vous reprocher que votre absence, n’est-ce rien que cela ?

— Monsieur est galant ! laisse-t-elle tomber en me regardant d’un air un peu narquois par-dessus son épaule et tout en se dirigeant vers la bibliothèque.

J’avais rougi jusqu’à la racine des cheveux. Voilà où j’en suis, moi, Bénédict Masson !… à de pareilles fadeurs ! Penses-tu que cela prenne, Adonis ?

Quand nous fûmes dans la bibliothèque et que je lui eus donné la clef du jardin, elle me dit :

— Nous sommes maintenant tout à fait chez nous, ici ! Nous arrivons par le jardin, nous partons quand nous voulons ! Nous n’avons pas affaire au noble vieillard costumé en suisse, nous n’avons plus à traverser tout l’hôtel sous les regards inquisiteurs de Sangor et parmi les bondissements de ouistiti de Sing-Sing.

— Parlez pour vous, fis-je. Moi je n’ai pas de clef.

— J’en aurai fait faire une demain pour vous. C’est entendu avec le marquis ! Il tient à ce que