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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/125

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LA POUPÉE SANGLANTE

— Et le marquis lui a dit de le reporter et de revenir avec du chlorure de calcium ?

— Parfait ! Et qu’est-ce qu’il a fait avec le chlorure de calcium, Christine, pouvez-vous me le dire ?

— Eh bien ! il a arrêté le sang !…

— C’est cela même… mais savez-vous, Christine, ce que l’on fait avec le citrate de soude ?

— Non !…

— Eh bien ! avec le citrate de soude, on le fait couler !

Elle me regarda comme si je devenais fou, à mon tour.

— On le fait couler ? répéta-telle.

— Oui, en ce sens qu’on le laisse couler, en empêchant de se former le caillot de sang qui fermerait la blessure… Frottez la blessure, ou la piqûre, avec du citrate de soude et la veine continuera à se vider de son sang comme l’eau coule d’un robinet… Enfin, ce n’est pas tout !… Une bouche qui aspirerait ce sang et qui serait frottée de citrate de soude n’aurait pas à redouter la coagulation avec laquelle il faut toujours compter…

— Mais c’est effrayant, ce que vous me dites là ! Où avez-vous appris tout cela ?

— Mais dans les livres de la médecine la plus sommaire… vous n’avez donc pas chez vous le Labosse illustré ?… Quand on est relieur, Christine, et qu’on ne s’intéresse pas seulement à la reliure… on finit par apprendre bien des petites choses.

Elle me regardait toujours et je vis bien que maintenant elle était au moins aussi agitée que moi… Elle me répéta encore : « Mais c’est effrayant !… La science à l’usage du vampirisme !… »

— De nos jours, fis-je en matière de conclusion,