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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/165

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LA POUPÉE SANGLANTE

monde !… Tout à l’heure, j’ai fait peur à Madame !… ah ! laissez-moi parler, madame !… je suis si content de m’expliquer devant vous !… Vous ferez peut-être entendre au père Violette qu’il faut qu’il tienne sa langue… Ma vie n’a rien de mystérieux… Je n’ai jamais fait de mal à personne !… On n’a qu’à me regarder pour comprendre que je n’ai pas besoin de leur faire du mal pour qu’elles fichent le camp !… Je ne suis pas venu ici pour faire le malin, je suis venu ici pour dire au père Violette : « J’en ai une, en ce moment, une enfant, une petite nièce, une orpheline que j’ai recueillie et que je ne dégoûte pas trop !… et qui veut bien me servir de bonne… qui a été malheureuse, toute petite et qui m’est reconnaissante de ce que je peux faire pour elle… eh bien ! père Violette, faut pas la dégoûter de moi !…

— Mais ça ne me regarde pas, moi, tout ça !… grogna le garde.

La cabaretière avait glissé un verre devant Bénédict Masson.

— Monsieur a raison, déclara-t-elle, en vidant le reste du pot dans le verre… Il n’y a pas de bon sens à vivre comme ça sur la même terre en se faisant la mine… Trinquez et serrez-vous la main et qu’il ne soit plus question de rien !

Mais le père Violette, têtu, répétait encore :

— Tout ça, ça ne me regarde pas… tout ça, ça ne me regarde pas !

Bénédict Masson repoussa le verre, se leva, se planta devant le garde et lui dit, la voix rauque :

— Si ça ne vous regarde pas, quand la petite passera près de vous, gardez votre langue… gardez votre langue, père Violette !… parce que je vais vous dire… si celle-là s’en va, comme les autres qui sont peut-être parties aussi à cause de vos