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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/169

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LA POUPÉE SANGLANTE

Marie-Chrysostome ont été dispersés en 1793, par la Révolution. »

» Dispersés !… dispersés !… Je sais où ils sont, moi, les restes de Louis-Jean-Marie-Chrysostome !… Et vous aussi, Christine, qui ne me croyez pas, vous le saurez un jour !… Ils se portent fort bien !…

» Quelle vision que cette crypte !… Cette tombe vide m’attire !… quelque chose me dit qu’une nuit, je me réveillerai sous cette pierre… et que, moi aussi, à mon tour, je me lèverai, pâle fantôme qui cherchera sa vie !…

» Qu’un pareil destin me soit épargné, Seigneur !… Vous savez à quel prix, Christine !… Vous savez ce que l’on doit faire de nos cadavres pour qu’ils ne soient plus redoutables après la mort !…

» Qu’au moins mon tourment cesse avec ma vie !… Sangor m’a promis de ne point m’épargner quand je serai morte… Moi morte, il n’a aucune raison de me tromper… et puis, ce sera son intérêt, ce dernier geste qui me libérera à jamais des horribles festins de la terre !… Je me suis arrangée pour cela !… Vous allez me croire plus folle que jamais !… Christine ! Christine !… j’espère avoir bientôt l’occasion de vous convaincre de ce qui se passe ici !… de vous fournir une preuve décisive… irréfutable… et alors, vous accourrez, n’est-ce pas, vous et Bénédict Masson !… Vous me sauverez, s’il en est temps encore !…

» Le marquis ne me quitte plus !… depuis que je ne suis plus qu’un souffle, jamais il ne m’a autant aimée !… C’en est fini de cette liberté relative dont je jouissais encore à Paris… Il a renoncé à m’abuser sur la nature de son mortel amour. Il ne cherche plus à tromper personne !… à me faire