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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/172

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LA POUPÉE SANGLANTE

ture !… Dans l’auto, je ne pouvais rien espérer !… Nous étions encore dans Paris que cette auto se transformait en cage de fer… les volets se rabattaient sur les rideaux… je pouvais crier là dedans !…

» Mais je ne criai pas !… J’attendis une occasion… Elle se présenta… À l’aurore, nous eûmes une panne… Il fallait travailler à la voiture… Je faisais celle qui dormait, épuisée de vie, je faisais la morte… On me transporta dans une chambre de l’hôtel qui donnait de plain-pied sur la cour où l’on réparait l’auto et, par derrière, sur un jardin qui ouvrait sur la campagne…

» À quelques centaines de mètres, j’aperçus la lisière d’une forêt. Ah ! gagner ces bois !… m’enfouir dans les arbres, dans les feuilles, dans la terre !… leur échapper !…

» Du lit où l’on m’avait étendue, j’apercevais dans la clarté même du matin le petit espace qu’il me fallait parcourir… Par la pensée, je le traversais déjà, je glissais, délivrée, jusqu’à ce bois sauveur !…

» Mais, en réalité, comment faire ?… Devant ma porte se tenait Sangor… Un peu plus loin, le marquis, qui se promenait avec Saïb Khan, tandis que les employés du garage, que l’on avait réveillés, se hâtaient de remettre la voiture en état… sous ma fenêtre dans le jardin, Sing-Sing.

» Je savais combien celui-ci était voleur, chapardeur, fureteur, ne pouvant rester en place… À l’hôtel, on l’attachait quelquefois dans sa niche comme une mauvaise bête de garde, sur laquelle on ne peut compter que la chaîne au cou… Mon espoir était là… Déjà, agile comme un chat, je l’avais vu grimper dans un arbre pour y croquer je ne sais quel fruit vert… Qu’aperçut-il du haut de cet arbre ?… Toujours est-il que, se balançant