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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/174

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LA POUPÉE SANGLANTE

» Oui !… du venin !… j’imagine que les vampires ont, comme les vipères, une dent creuse pleine de venin… d’un certain poison qui se répand dans tout votre corps avec une rapidité et avec une douceur à laquelle il est impossible de résister… Vous sentez immédiatement vos forces vous fuir comme par une porte ouverte… qui est ce petit trou de la morsure !… c’est un engourdissement qui surprend plus qu’il ne fait souffrir… et qui en est d’autant plus terrible, lorsque, comme moi, on en connaît la suite !…

» La suite, c’est le monstre lui-même qui arrive !…

» Car les vampires ont cette particularité que n’ont point les vipères : ils mordent à distance !…

» Je savais qu’il était là…

» Je ne me retournai même pas !… J’essayai, en un effort suprême, de lutter contre l’anéantissement qui déjà me gagnait.

» Je parvins à me traîner jusqu’à la barrière qui fermait le jardin…

» Et puis, vaincue, je tournai sur moi-même… Alors j’aperçus le marquis à la fenêtre de la chambre, qui riait !…

Quatrième lettre. — « Se doute-t-on de quelque chose ? Drouine, le sacristain, le gardien des morts dont je vous ai parlé, un brave homme dans toute l’acception du mot, m’a dit de me méfier de tout… Si l’on surprend son dévouement pour moi, il perdra sa place qui le fait vivre, mais ce n’est pas ce qui l’arrête, il ne craint que pour moi.

» Le bon serviteur, je lui revaudrai cela ! En attendant, nous prenons mille précautions, je feins une grande dévotion (vous savez que je suis catholique) et sous prétexte d’aumônes pour la cha-