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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/232

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LA POUPÉE SANGLANTE

— Nous l’avons aperçu, dit Christine, mais nous ne l’avons pas encore rencontré. De quelle commission s’agit-il donc ?

M. le marquis est parti bien précipitamment ! répliqua Drouine en hochant la tête, et il n’a pas eu le temps de vous dire que vous pouviez rester au château tant qu’il vous plairait, y coucher et vous y faire servir comme s’il était là. Sangor et moi, nous sommes à votre disposition.

— Notre intention était de repartir aujourd’hui même ! interrompit Jacques.

— Mais nous profiterons de la bonne grâce du marquis, acheva Christine.

— Si tu veux absolument rester quelques jours à Coulteray, reprit le prosecteur, descendons à l’auberge, ce sera plus gai que de nous installer dans ce château désert !

— Je ne suis pas venue ici pour être gaie ! fit la jeune fille avec tristesse et en prenant la main de Jacques comme pour se faire pardonner sa réplique un peu vive… je suis venue pour y pleurer une amie.

Mme la marquise vous aimait bien ! soupira Drouine.

— Parlez-nous d’elle, demanda Christine à voix basse… il faut tout nous dire : nous sommes préparés à tout entendre… Elle me parlait de vous dans toutes ses lettres… Elle avait la plus grande confiance en vous… Cette affaire est si extraordinaire que nous avons eu tort de ne pas y croire… ce misérable a trompé tout le monde !…

— Je n’en sais rien ! déclara Drouine.

Christine le regarda, stupéfaite…

Tranquillement, Drouine reprit la parole :

— Moi, mademoiselle, vous savez, je n’ai jamais donné dans les « giries » de ce pays-ci… Je suis Solognot : là-bas, on a la tête dure… ma