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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/52

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LA POUPÉE SANGLANTE

— Mon Dieu, oui ! du moins, je l’espère, sans quoi il n’y aurait aucune raison pour que je vienne vous faire de telles confidences…

— Bien !… bien !… je vous écoute… continuez !…

— À l’extrémité de cette bibliothèque se trouve une petite pièce de quelques mètres carrés que le marquis a fait transformer pour moi en atelier et qui vous servira à vous aussi si… mon Dieu ! si vous le voulez bien ! si vous consentez à donner une suite à ma proposition de l’autre jour !… Monsieur Bénédict Masson, j’ai confiance en vous !… je vous dis tout ! (Oh ! ce que les femmes peuvent mentir !) Venez à mon secours !… Si je romps avec le marquis… non seulement je perds la petite pension qui nous fait vivre, mais je suis sûre qu’il n’hésitera pas à nous mettre à la porte !… Or, nous ne pouvons quitter notre domicile de l’Île-Saint-Louis sans une véritable catastrophe !

Là-dessus, un silence. Cette fois, nous y voilà ! Il est toujours dangereux de quitter un endroit encore tout chaud d’un assassinat ! Un cadavre laisse souvent des traces, même quand on l’a fait passer par un poêle ! La chronique judiciaire ne nous en apporte que trop d’exemples !… Ainsi pensai-je, car enfin, pendant qu’elle m’entretenait de cette nouvelle histoire à laquelle je ne m’attendais pas, je ne songeais qu’au drame, moi, que j’avais vu, et dont elle avait l’air de ne plus se souvenir !… Mais, comme on dit au Palais, nous allons entrer dans le vif du débat, si tant est que l’on puisse s’exprimer ainsi en parlant d’un mort… Eh bien ! je me suis encore trompé ! Gabriel, ni de près, ni de loin, ne fera les frais de cette conversation. Christine, en effet, continue, attristée…