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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/55

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LA POUPÉE SANGLANTE

VI

LA MARQUISE DE COULTERAY

Christine me conduira où elle voudra. J’accepte tout ce qu’elle me propose. Je suis le dernier des lâches, car maintenant je sais pourquoi elle est venue me trouver, elle, et pourquoi il me subira auprès d’elle, lui !… je suis laid !…

Je le crois bien qu’ils ont pensé à moi tout de suite, quand la nécessité de mettre un tiers dans leur intimité leur est apparue. Ne suis-je pas « le tiers » idéal ? Ni l’un ni l’autre n’auront rien à craindre de mes entreprises pensent-ils, — mais, entre nous, le monstre n’aime pas qu’on le taquine.

Nous allons bien voir. Laissons-nous conduire, puisque je ne puis faire autrement.

Nous voici tous les deux dans la petite rue qui conduit au quai, la petite rue qui n’est à l’ordinaire qu’un courant d’air et qui, ce matin, est ravagée par un vent qui nettoie furieusement toute l’île des scories de la nuit ! Ah ! poussière des nuits ! odeur funèbre ! Autant en emporte le vent ! Je ne vois plus, moi, dans le vent, que les jambes de Christine gantées de soie, tapant leurs