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et l’impur !… Juger est une mission si haute et si sainte que je place celui qui l’accomplit selon sa conscience au-dessus du prêtre et plus près de Dieu !

Marie-Louis. — Quel beau !… quel grand juge tu fais… toi, Jean !… Moi, je suis indigne de juger les hommes !

Jean. — Commence par te juger avec sévérité. Tu me disais tout à l’heure que j’étais dur pour moi-même. C’est vrai, si dur pour moi et pour ceux de ma maison que pas un de ceux que j’ai frappés au nom de la loi ou de ma conscience ne pourrait me reprocher son supplice. (Ce disant il a regardé Béatrice.) Allons, mon frère, relève-toi… et viens avec moi chez l’Ancêtre… Ta longue absence l’a surpris et tous les jours il demandait de tes nouvelles.

Marie-Louis, allant serrer les mains de Béatrice. — À demain, Béatrice.

Béatrice. — Bonsoir, Marie-Louis.

Jean salue Béatrice. Marie-Louis et Jean sortent par l’escalier.


Scène VII

BÉATRICE, puis NANETTE

Nanette, elle entre par la porte du second plan à gauche, regarde dans la pièce et n’aperçois pas Béatrice. — Ils sont montés !… (Elle éteint les lampes, en remontant, elle se trouve en face de Béatrice, restée prés de la fenêtre, dans un rayon de lune.) Ah ! vous êtes là, madame. Je ne vous avais pas vue !… Voulez-vous que je vous laisse une lampe ?

Béatrice. — Non, c’est inutile…

Nanette. — Comme madame voudra…

Elle sort.


Scène VIII

BÉATRICE, puis MARIE-LOUIS

La porte qui ferme l’escalier à droite s’ouvre. Marie-Louis apparait, il referme la porte derrière lui et descend. Il va traverser la Pièce quand il aperçoit Béatrice.

Marie-Louis. — Béatrice !

Béatrice. — Je vous ai attendu. Je voulais absolument vous parler ce soir ; avant votre arrivée j’ai eu une dernière explication avec votre frère.