Aller au contenu

Page:Leroux - La maison des juges.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
64

comme une folle. Alors, j’ai pénétré dans l’hôtel, et je n’ai rencontré personne. Seulement, en traversant la grande salle, j’ai entendu, derrière les murs, des gémissements. Tout était dans un grand désordre. Des meubles étaient renversés, j’avais la sensation d’errer sur des ruines, dans un lieu fatal, ravagé par le passage du Destin ! Une porte s’ouvrait devant moi. J’étais dans le bureau de Jean… Et voilà ! J’attends…

Le Grand Réquisiteur, pensif. — Cette mort arrange bien des choses…

Le Réquisiteur général. — … Oui, plus de manifestation…

Le Grand Réquisiteur. — Et nous nous arrangerons pour qu’il n’y ait pas de scandale ! Vous avez revu Leperrier ?

Le Réquisiteur général. — Oui !

Le Grand Réquisiteur. — Eh bien, que vous a-t-il dit ?

Le Réquisiteur général. — Oh ! rien !… C’est un garçon intelligent et discret.

Un silence. Les deux réquisiteurs se regardent.

Le Grand Réquisiteur. — Cela vaut mieux. Il ne nous a rien dit et nous ne savons rien !…

Le Réquisiteur général. — Il doit tout au président ! Il ne l’oubliera pas !

Le Grand Réquisiteur. — Oui, nous pouvons être tranquilles… Très prudemment, j’ai dit un mot de lui au garde des sceaux.

Le Réquisiteur général. — Vous avez vu le garde des sceaux

Le Grand Réquisiteur. — Je sors de chez lui !… Il est enchanté de la mort de l’ancêtre. Vous savez que c’était lui qui avait décidé le gouvernement à transformer en fête publique la manifestation du centenaire !… Il n’avait pas prévu le scandale du procès, ni la résurrection du dernier des Tiphaine. Maintenant, il ne reste plus qu’à étouffer le procès… une condamnation anodine, et c’est la fin des polémiques.

Le Réquisiteur général. — Puissiez-vous dire vrai !… C’est égal ! Ils n’y allaient pas de main-morte du temps du procurateur.

Le Grand Réquisiteur. — Époque difficile, où il fallait être un peu… sévère ! Enfin ! tout s’arrange