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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 1.djvu/132

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LE CHÂTEAU NOIR

et souleva la pierre avec une facilité qui lui valut les éloges du majordome.

« Mâtin ! dit Priski, vous devez avoir un beau biceps, mon ami !… »

Rouletabille penchait déjà une lanterne sur l’ouverture noire béante. Les rayons du fanal éclairaient une petite échelle de fer qui se perdait dans la nuit.

« C’est là le souterrain qui passe sous le chemin de ronde du donjon, fit Priski, et qui se dirige, après avoir traversé la bâille et passé sous la petite mosquée, vers le Selamlik. Autrefois, il devait permettre aux défenseurs du donjon de sortir du château du côté Ouest du rocher ; mais aucune issue n’existe plus aujourd’hui. Seulement il se croise avec un couloir conduisant à cet endroit maudit, qui aboutit, lui, comme je vous l’ai dit, au quartier des esclaves.

— Je ne rends rien et je retiens tout ! fit entendre La Candeur comme un écho funèbre.

— Monsieur, dit Priski à Rouletabille, passez-moi votre lanterne et je vous précéderai jusqu’à ce couloir-là. Je ne puis faire davantage pour vous.

— Allume-lui une lanterne, » dit Rouletabille à La Candeur.

Le bon géant tremblait tellement qu’il lui fallut l’aide de Tondor pour arriver à un résultat. Quand il l’eut allumée, il déclara que cette lanterne était pour lui. Il ne resterait pas dans la salle des gardes. Il avait trop peur

« J’ai besoin de toi ici ! fit Rouletabille.

— Pourquoi faire ?

— Pour surveiller le poste d’en face ! et garder nos derrières. Si l’on pénétrait dans le chemin de ronde, chose dont tu peux te rendre compte en entr’ouvrant le petit « judas », tu n’aurais qu’une chose à faire, tu te baisserais… baisse-toi… baisse-toi donc ! Et tu allumerais ce bout de mèche qui passe… Le pont-volant sauterait. Nous entendrions certainement la détonation et nous serions là tout de suite. Tu vois ! rien à craindre !…