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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 1.djvu/134

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LE CHÂTEAU NOIR

« Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda Rouletabille.

— Ça, ce sont d’anciens cachots qui servaient aux condamnés politiques.

— Comment ? aux condamnés politiques ?…

— Oui, l’ancien maître du château, l’ancien pacha, celui que Kara Selim a renversé, y est resté, paraît-il, onze ans. Son squelette est encore là, du reste, attaché par la patte à une énorme chaîne. Si vous voulez le voir, vous n’avez qu’à pousser la porte.

— Une autre fois !… Avançons, dit Rouletabille… mais on étouffe déjà ici… l’air devient quasi irrespirable. Comment ce malheureux a-t-il mis onze ans à étouffer ?…

— C’est ce que se demandait souvent Kara Selim. Paraît qu’il n’en revenait pas. Vous savez, il y a des gens qui ont la vie dure !… »

En même temps que l’air devenait de plus en plus irrespirable, le boyau souterrain se faisait plus étroit. Depuis quelques minutes, La Candeur était obligé de marcher plié en deux.

Ils arrivèrent brusquement à un carrefour, à une espèce de petite place sur laquelle s’ouvraient trois couloirs.

« Vous voyez comme je suis bon, dit Priski. Je vous ai dirigés jusque-là pour que vous ne vous égariez pas, pour que vous ne perdiez pas votre temps. Ce couloir-ci conduit du côté de la tour du veilleur, celui-là du côté de la Barbacane ; mais ils sont bouchés tous les deux à soixante mètres d’ici. Voilà le vrai chemin. Vous n’avez plus qu’à aller tout droit. Moi, je reste ici.

— Non, Priski, non ! il faut venir avec nous, mon ami, déclara Rouletabille.

— Mais, monsieur, je ne puis plus vous être utile à rien, fit Priski qui se mit à trembler,

— On ne sait jamais, répondit le reporter. Et puis qui nous dit que ces deux couloirs sont réellement bouchés, que vous ne pouvez pas vous échapper par l’un d’eux et