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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 1.djvu/188

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LE CHÂTEAU NOIR

— Si ! mais attendez !… Tondor et moi nous nous sommes jetés derrière lui, ah ! bâillonné, ficelé ! Tondor s’y entend. Il n’a pas dit ouf !…

— Bravo, Tondor, applaudit Vladimir qui arrivait.

— Et où l’avez-vous mis ? demanda Rouletabille.

— Mais nous l’avons descendu dans le souterrain, comme nous l’avait dit M. Vladimir !

— Allons-y ! Vous n’auriez pas dû le laisser tout seul et je me demande ce que vous faites encore ici !…

= Mais nous empêchons les autres de sortir !… On nous a dit de ne laisser sortir personne !…

— Mais je m’en fiche des autres, tas d’idiots !  ! »

Rouletabille ne comptait plus que sur lui-même. Toute la bande descendit : Rouletabille, La Candeur, Vladimir et les deux domestiques. Arrivés dans la salle de garde ceux-ci soulevèrent la dalle, et Modeste descendit. Comme il ne disait rien au fond de son trou, Rouletabille fut pris d’une peur !

« Il n’y est plus ! s’écria-t-il.

— Si ! si ! monsieur, il y est… Oh ! il n’a pas bougé, répondit la voix de Modeste. Tenez, je vais vous jeter le bout de la corde : Tondor le halera. »

Un bout de corde fut en effet jeté du souterrain dans la salle des gardes et Tondor hala de toutes ses forces. C’était un gars solide que Tondor et cependant il paraissait « en avoir son plein », comme on dit.

« Jamais je n’aurais cru, fit Rouletabille, que Priski était si lourd que ça ! »

Enfin le paquet humain arriva au niveau de la salle des gardes : la tête émergea du puits. Une triple exclamation échappa aux trois jeunes gens : ce n’était pas la figure de Priski ! Ce n’était pas Priski ! C’était une énorme face rousse et rubiconde et terriblement barbue. Il ne pouvait prononcer une parole, un bâillon l’étouffait ; mais les yeux qui lui sortaient de la tête et toute sa forcenée physionomie disaient, mieux que des phrases, la fureur dont tout son être était animé.