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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 1.djvu/52

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LE CHÂTEAU NOIR

« Vous allez faire ce que vous dira ce jeune homme.

— Et quoi donc, monsieur ?

— Excellence, dit Rouletabille, il faut téléphoner ou télégraphier à tous les postes-frontière de ne laisser passer aucune automobile, aucune… et de les visiter toutes… de se rendre compte exactement de l’identité de toutes les personnes qui s’y trouvent, surtout si ces personnes sont des militaires ou se présentent sous l’apparence d’officiers, d’arrêter les suspectes, de voir si l’une d’elles, une jeune fille, n’est point retenue de force, de visiter les bagages, et de rechercher dans tous les véhicules qui se présenteront s’il n’est point une petite malle à couvercle courbe, en forme de coffret, ornée de figures byzantines et cloutée de cuivre.

— Auquel cas, continua le général, il faudrait retenir le coffret qui renferme une fortune en bijoux, en prendre le plus grand soin…

— Tout de suite ! tout de suite ! pressa Rouletabille. Courez, Excellence ! Je me charge du reste !… Dans quelques minutes je vous donnerai ou ferai parvenir toutes indications explicatives, tous signalements nécessaires.

— Allez ! » ordonna le général.

Le maître de police salua et sortit.

Rouletabille avait retrouvé toute sa force, toute son énergie, toute sa combativité, toute sa lucidité.

« Quand je dis que je me charge du reste, je dis que je me charge de tout ! car les mesures que nous venons d’ordonner, appuya Rouletabille, ne sont prises que par acquit de conscience… Ma conviction est qu’elles ne serviront de rien et que nos gens ont prévu toutes ces précautions-là ! »

Le général s’était mis à se promener de long en large. À considérer sa physionomie, il n’était point difficile de deviner qu’il croyait tout perdu.

Il s’arrêta devant le reporter et, après avoir éloigné d’un geste les officiers qui l’entouraient :

« Quoi qu’il arrive, je n’ai point besoin de vous dire.