Aller au contenu

Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 1.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
LE CHÂTEAU NOIR

— Que voudriez-vous donc ? demanda le général intrigué.

— Je voudrais que vous donniez l’ordre au maître de police de ne plus faire surveiller les routes, de laisser la paix aux voyageurs suspects, enfin de rendre, autant que possible, la frontière franchissable ! »

Athanase Khetew écoutait Rouletabille comme dans un rêve, mais le général, après avoir marqué d’abord quelque étonnement à l’énoncé d’un programme qui paraissait être une gageure, sembla comprendre Rouletabille. Il lui détacha une petite tape amicale sur l’épaule et dit à l’officier :

« Tenez, Khetew ! en voilà un qui n’aurait pas mis dix ans à découvrir Gaulow !

— Général, répliqua Khetew, cramoisi et en lançant un regard de flamme à Rouletabille, permettez-moi de vous avouer que je ne saisis pas très bien ce qu’a voulu dire monsieur…

— Comment ! vous ne comprenez pas que Rouletabille (il dit Rouletabille tout court et le reporter devint immédiatement aussi rouge que Khetew, mais pour des raisons différentes), vous ne comprenez pas que Rouletabille désire que l’on permette à Gaulow de retourner dans son château le plus tôt possible, car plus tôt nous saurons où se trouve Gaulow, plus tôt nous pourrons lui reprendre les plans !…

« Tiens ! se dit le reporter, il a parlé des plans à l’Athanase. Mais je m’en fiche, moi, des plans !…

— Et Mlle Vilitchkov !… exprima Rouletabille en s’inclinant.

— Et Ivana ! j’y compte bien, approuva le général. Je la considère maintenant comme ma fille adoptive…

— Général, déclara Rouletabille, vous m’avez compris tout de suite, ce qui prouve bien que mon plan est excellent ! En tout cas, j’imagine que c’est le meilleur. Ce Gaulow est fort. Il a tout prévu. Abandonner une auto pour une charrette de paysan quand on vous poursuit à