Aller au contenu

Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
147
LA CHANSON DE LA MARITZA

l’inventaire ? » soupirait le pauvre La Candeur qui, sous prétexte qu’il était fort à lui seul comme les trois autres, faisait trois fois plus de besogne et roulait jusqu’au haut des marches les objets les plus pesants, les pierres les plus lourdes.

Et il maugréait comme à son ordinaire :

« Si c’est pour leur jeter tout ça sur la tête, il y en aura pour cinq minutes ! C’est pas la peine de se donner tant de mal.

— Qu’est-ce que tu dis, toi ? demandait Rouletabille en l’entendant bougonner !…

— Je dis que c’est pas une manière de défendre le donjon en le démolissant.

— Ferme ton bec, La Candeur !…

— Si tu pouvais me le fermer avec une miche de pain !

— Et puis quoi encore !… Monsieur voudrait peut-être un saint-honoré ? répliquait Vladimir qui, lui, n’avait pas perdu une seconde sa bonne humeur… Tu ne trouves pas que c’est amusant, toi, ce siège-là ?… Puisque nous sommes sûrs maintenant qu’on va venir à notre secours, qu’est-ce que ça peut nous faire de nous serrer un peu le ventre ?…


— Bon ! Bon ! répliquait La Candeur, bourru, en cassant une table d’un coup de poing… Aujourd’hui ça va encore… mais demain, mais après-demain… nous verrons si tu seras aussi fier !…

— Moi, disait Modeste, ça m’est bien égal. Puisque qui dort dine, je dormirai !…

— Modeste, demanda Rouletabille, qu’est-ce que tu as comme batterie de cuisine ?

— Monsieur, j’ai deux grands chaudrons et une casserole.

— Tu monteras tout ça là-haut avec le poêle à pétrole… »

Sur ces entrefaites, la nuit était venue, obscure et pluvieuse… L’eau s’était remise à tomber à torrents. Rouletabille s’en félicita et, réunissant tout son monde sur la