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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/152

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LE CHÂTEAU NOIR

— Oui, c’est là qu’ils préparent leur coup.

— Oh ! il y a du monde là-dedans… fit La Candeur d’un air important. On les entend grouiller d’ici. »

Qu’est-ce qu’avait La Candeur ? il paraissait brave !

« Monsieur, dit Modeste, le bois est trop humide… Il ne prend pas sous le chaudron.

— Verse un peu de pétrole dessus et tu verras s’il ne prendra pas ! » lui dit Rouletabille.

Ainsi fut fait et l’eau commença de chauffer dans les chaudrons pendant qu’elle bouillait déjà sur le poêle à pétrole.

Au fur et à mesure, ils versaient l’eau bouillante de la casserole dans les marmites, puis les marmites s’échauffèrent elles-mêmes et Rouletabille se déclara « paré »…

À ce moment une fusillade très nourrie éclata sur la gauche et une volée de balles vint ricocher sur le rempart de pierres qu’ils avaient élevé pendant la nuit, plus haut que les créneaux. Cette première démonstration de l’ennemi avait été si vaine que Vladimir et La Candeur éclatèrent de rire, dansèrent une gigue et jetèrent leurs casquettes en l’air… Ils ne se tenaient pas de joie à cause de cette poudre perdue !…

« À la bonne heure, La Candeur !… te voilà gai ! fit Rouletabille, je te voyais si sombre hier soir que je craignais de te perdre de neurasthénie… mais qu’est-ce que tu as donc à la joue ?

— Moi !… Je n’ai rien à la joue !…

— Si, si !… tu as une fluxion, mon garçon !…

— Une fluxion !…

— Tu es tout enflé !… Il faut soigner ça !

— Moi !… Je n’ai rien du tout.

— N’est-ce pas, Vladimir ?

— Eh, monsieur, je ne sais pas ce que vous voulez dire, fit Vladimir, qui était devenu au moins aussi écarlate que La Candeur.

— Mais, ma parole, vous aussi vous avez une fluxion !…