Aller au contenu

Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
152
LE CHÂTEAU NOIR

D’abord, il ne sut rien dire. Il resta bouche bée devant ce pain d’épice appétissant et doré que La Candeur et Vladimir regardaient de côté, d’un œil humide,

« Où avez-vous trouvé cela ? demanda-t-il. Vous n’avez pas honte de manger du dessert quand tous vos camarades meurent de faim ! »

Et Rouletabille jeta les deux morceaux par-dessus les créneaux, dans le chemin de ronde.

La Candeur et Vladimir poussèrent un hurlement.

Mais dans le même moment la porte s’ouvrait dans le mur qui encerclait le chemin de ronde du donjon, et une troupe d’une centaine d’hommes qui semblaient liés deux par deux, se ruaient à travers le chemin, traversaient le pont de planches improvisé et se précipitaient d’un même mouvement contre la lourde porte du donjon qui retentit lugubrement sous leur prodigieux élan.

Ces hommes s’étaient faits catapulte et portaient leur projectile à domicile : ces hommes traînaient avec eux un « bélier » formidable, une poutre énorme qui vint s’enfoncer dans la porte avec une telle force que tout le donjon en trembla, cependant que du haut des créneaux et des meurtrières des tours voisines, des mâchicoulis et des courtines, une averse terrible de balles s’abattait sur le donjon.

Mais, également, dans le même temps une autre pluie vint à tomber, celle-là, moins retentissante, mais plus lourde… une pluie d’eau bouillante qui se déversait à gros bouillons bouillonnants sur les crânes les plus proches, sur les visages qui furent échaudés, cependant que d’affreux glapissements montaient entre les murs de la karakoulé, allant réjouir là-haut, sur la plate-forme du donjon, le cœur de nos amis.

« Ils nous ont secoués d’un fameux coup, dit Rouletabille. Il ne nous en faudrait pas beaucoup de pareils pour qu’ils défoncent notre porte, les bandits ! Aux carabines, messieurs, aux carabines ! »

Les premiers rangs fuyant l’eau bouillante, s’étaient