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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/182

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LE CHÂTEAU NOIR

Ils avaient peine à s’entendre. La cage de l’escalier n’était plus qu’une gueule formidable crachant de la flamme, de la fumée et du plomb.

Par instants, les marches s’effondraient et des grappes humaines étaient précipitées, mais l’assiégeant revenait à la charge jetant des planches, des échelles, se suspendant aux moindres saillies du mur et cela avec un élan d’autant plus irrésistible que maintenant, d’en haut, on ne tirait presque plus !

Rouletabille était entré dans la chambre de Gaulow, croyant y trouver le prisonnier et Ivana, à laquelle il avait ordonné, quelques minutes auparavant, de ne point rester exposée au feu de l’escalier et qui était montée aussitôt au troisième étage.

Quelle fut sa stupéfaction en ne découvrant ni Ivana ni le prisonnier !

Il bondit dans les autres chambres : personne !… Il ne fit qu’un nouveau saut jusqu’à la plate-forme.

Là, il dut opérer d’abord un mouvement de recul devant une âcre fumée que le vent balayait sur lui et qui semblait monter de la base même du donjon. Le donjon tout entier semblait brûler.

Enfin il fit un pas hors de l’échauguette. Il aperçut alors, comme dans un rêve, Ivana attelée à une bien étrange besogne. Elle manœuvrait avec soin cette sorte de treuil avec lequel il avait pensé, un jour, descendre dans la campagne Athanase… Autour du treuil était enroulée une corde qu’elle déroulait maintenant plus précipitamment, mais en se penchant de temps à autre au-dessus des créneaux, sans doute pour voir où en était sa besogne… Mais quelle besogne ?… Et qui descendait-elle ?… Qui ?… qui ?… qui ?…

Rouletabille aussi regarda… Et ce qu’il vit le fit bondir dans l’échauguette sans que, dans le tumulte effrayant de cette fin de lutte, au milieu des clameurs de à la bataille et dans les fumées de l’incendie, Ivana eût pu voir que Rouletabille avait vu !…