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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/19

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OÙ L’ON VOIT APPARAITRE…

concéda Gaulow. Mais elle n’est point loin de croire à une légende.

— Vous parlez sérieusement ?

— Très sérieusement… Elle ne m’a pas caché qu’elle ne croyait guère à une fable inventée dans les heures d’ennui au harem. Toutes les petites cervelles de ces dames travaillaient ferme sur ce thème : la chambre mystérieuse où Abdul-Hamid enfermait, entassait depuis des années des sommes incalculabes, des bijoux, des joyaux de toutes sortes. Un conte des Mille et une Nuits, mon cher Kasbeck !  !…

— Il ne faut pas oublier, mon cher Kara Selim, que nous sommes justement dans le pays de ces contes-là !… Et Abdul-Hamid aura été le dernier sultan qui les aura rendus possibles ou, du moins, qui en aura réalisé quelques-uns !… Cette chambre du trésor était bien dans sa manière… Pourquoi n’aurait-il pas eu une chambre pour y cacher ses trésors comme il en avait tant pour cacher sa personne ?… Rappelez-vous la stupéfaction avec laquelle les nouveaux venus, dès les premiers jours de la révolution triomphante, ont découvert tout cet enchevêtrement architectural qui faisait de Yildiz-Kiosk une véritable boîte à surprise, avec des chambres truquées d’où l’on pouvait sortir sans être vu d’aucun serviteur et dans lesquelles on pouvait rentrer alors que l’on vous croyait ailleurs !… Rappelez-vous ces mannequins extraordinaires que l’on trouva dans une cave du Djihan-Numa-Kiosk, au fond du jardin intérieur, mannequins ressemblant autant que possible à Abdul-Hamid et qu’il disposait le soir, derrière telle ou telle fenêtre, dans telle chambre où il était censé travailler, alors qu’il allait se reposer dans une autre !… Et vous trouvez d’une imagination enfantine l’histoire de la chambre du trésor ! Mais vous savez bien qu’Abdul-Hamid était avare ! Ce qui eût été tout à fait extraordinaire, c’est qu’il n’eût point une chambre comme celle-là ! Réfléchissez-y !…

— On l’a cherchée partout ! répliqua l’autre… Les