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Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/104

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nutes qui précédaient l’ouverture de la séance), le silence, au-dessus de l’effroyable cohue, se faisait plus pesant, plus terrible.

On avait remarqué que la belle Madame de Bithynie s’était abstenue de paraître à la solennité. On en avait tiré le plus affreux augure… Certes, s’il devait arriver quelque chose, elle avait bien fait de ne pas se montrer, car elle eût été mise en pièces par une foule sur laquelle un vent de démence était prêt à souffler !

À la place que cette dame occupait à la précédente séance se tenait un monsieur correct, au ventre bourgeois, dont l’aimable rebondissement s’adornait d’une belle épaisse chaîne d’or. Il était debout, l’extrémité des doigts de ses deux mains glissée dans les deux poches de son gilet. Sa figure n’était point celle du génie, mais elle n’était pas inintelligente, loin de là. Le front chauve faisait oublier, par l’absence de tout subterfuge capillaire, qu’il était bas. Un binocle en or chevauchait un nez commun. M. Gaspard Lalouette (c’était lui) n’était point myope, mais il ne lui déplaisait pas de laisser penser autour de lui que sa vue s’était usée aux travaux de lettres, à l’instar des grands écrivains.

Son émotion n’était pas moindre que celle