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Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/111

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micien. Aussi, chaque fois que je voyais mon maître répéter son compliment, je me jetais à ses pieds, j’embrassais ses genoux, je pleurais comme une folle, je le suppliais à mains jointes d’envoyer sa démission à M. le Perpétuel. J’avais des hantises qui ne m’ont pas trompée. La preuve, c’est que je rencontrais presque tous les jours un « vielleux » qui jouait d’un orgue de Barbarie ; je suis de Rodez, un vielleux, ça porte malheur depuis l’affaire de ce pauvre M. Fualdès. Ça aussi, je l’avais dit à M. le Perpétuel, mais ça avait été comme si je chantais.

Alors je m’étais dit : Babette, tu ne quitteras plus ton maître ! Et tu le défendras jusqu’au dernier moment ! Alors, le jour du compliment, j’avais fait toilette, et je le guettais dans ma cuisine, la porte ouverte, attendant qu’il passe sous la voûte, décidée à l’accompagner à cette Académie de malheur au bout du monde, partout ! Je l’attendais donc, mais il ne venait pas… Il y avait bien un quart d’heure qu’il aurait dû être passé !… J’étais en train de m’impatienter quand, tout à coup, qu’est-ce que j’entends ?… l’air du crime !… l’air qui avait tué ce pauvre M. Fualdès !… Oui !… le vielleux était quelque part encore autour de