cette étrange partie. Mme Lalouette, qui avait épousé M. Lalouette parce qu’il avait écrit des livres, n’avait jamais pardonné à son mari de lui avoir caché qu’il ne savait pas lire. Quand l’aveu en fut fait, il y eut dans le ménage des scènes déchirantes. Après quoi, Mme Lalouette avait essayé d’apprendre à lire à M. Lalouette. Ce fut peine perdue. Il y avait là comme un sortilège. L’alphabet alla encore (les grosses lettres), mais jamais M. Lalouette ne put arriver aux syllabes b a ba, b i bi, b o bo, b u bu. Il s’y était pris trop tard ; elles ne lui entrèrent point dans la tête. C’était dommage, car M. Lalouette était un artiste et il aimait les belles choses. Mme Lalouette en fit une maladie. Elle ne consentit à guérir que du jour où M. Lalouette fut nommé officier de l’Académie. Alors, elle lui rendit un peu de son amour.
Mais, bien que les années se fussent écoulées et que M. Gaspard Lalouette affectât de s’intéresser par-dessus tout, par l’entremise de son épouse aux belles-lettres, il y avait toujours « entre les deux conjoints » ce secret formidable qui empoisonnait leur existence : M. Lalouette ne savait pas lire !
Sur ces entrefaites était arrivée cette affaire