Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/242

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déchirés, mais ils n’étaient point cependant malpropres. Ces déchirures, ces lambeaux évoquaient plutôt l’idée d’une lutte récente, et les deux visiteurs songèrent que le prisonnier tout à l’heure, s’était fait taire par le géant.

Mais quel était donc le sort prodigieux de ce misérable dans sa cage ? Les propos entendus tout à l’heure conduisaient à l’imagination d’un si abominable crime que M. Patard, qui croyait connaître depuis longtemps le grand Loustalot, ne pouvait pas, ne voulait pas s’y arrêter ! Et cependant, comment expliquer, autrement que par le crime lui-même, la présence de l’homme derrière les barreaux… de l’homme qui passait au grand Loustalot des formules chimiques pour ne pas mourir de faim.

M. Lalouette, lui, avait compris tout net l’affreuse chose. Il n’hésitait plus. Il était certain maintenant que le grand Loustalot avait enfermé un génie dans une cage et que c’était ce génie-là qui avait fourni à l’illustre savant toutes les inventions qui avaient répandu sa gloire sur le monde. Avec son esprit précis il se représentait la chose avec des contours définitifs. Il voyait, d’un côté de la grille, le grand Loustalot avec un morceau de pain, et, de l’autre, le génie prisonnier avec ses inven-