Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/270

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dernier moment, lui prouvait son impuissance.

Mais Loustalot, après tout, n’avait peut-être point mis dans sa réplique d’intention mauvaise. N’était-il point un malheureux désespéré père et un illustre savant à plaindre ? Évidemment. Alors, qu’est-ce que M. Lalouette avait à craindre ? — surtout avec des lunettes bleues et du coton dans les oreilles !

Lalouette se redressa devant les hommages qui l’accueillaient, qui suivaient chacun de ses pas. Il voulut paraître fier comme un général romain au triomphe et aussi comme Artaban. Et il y réussit. Cela, surtout, grâce à ses lunettes bleues qui cachaient un reste d’inquiétude dans le regard.

Il vit, à côté de lui, très tranquille et très triste, le grand Loustalot qui semblait à mille lieues de la réunion. Il fut, du coup, rassuré, ma foi, tout à fait. Et, la parole lui ayant été donnée, il commença son discours, très posément, en tournant, le coude arrondi, les pages, comme s’il lisait, bien entendu. Toute sa bonne mémoire était là… si bonne… si bonne… qu’il débitait son « compliment » en songeant à autre chose.

Il songeait : mais enfin, comment le grand Loustalot sait-il que je ne sais pas lire ?