Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’incita à toucher furtivement de la main droite le bois de son parapluie qu’il tenait de la main gauche. Chacun sait que le bois protège contre le mauvais sort.

Et il reprit sa marche ascendante. Il passa devant le secrétariat sans s’y arrêter, continua de monter, s’arrêta sur le second palier, et dit tout haut :

— Si seulement, il n’y avait pas cette histoire des deux lettres ! mais tous les imbéciles s’y laissent prendre ! ces deux lettres signées des initiales E D S E D T D L N, toutes les initiales de ce fumiste d’Eliphas !

Et M. le secrétaire perpétuel se prit à prononcer tout haut dans la solennité sonore de l’escalier, le nom abhorré de celui qui semblait avoir, par quelque criminel sortilège, déchaîné la fatalité sur l’illustre et paisible Compagnie : Eliphas de Saint-Elme de Taillebourg-de-La-Nox !

Avec un nom pareil, avoir osé se présenter à l’Académie française !… Avoir espéré, lui, ce charlatan de malheur, qui se disait mage, qui se faisait appeler : Sâr, qui avait publié un volume parfaitement grotesque sur la Chirurgie de l’Âme, avoir espéré l’immortel honneur de s’asseoir dans le fauteuil de Mgr d’Abbeville !…