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milieu par un lit très simple à colonnettes, mais qui, s’il datait réellement comme je le présumais, de Henri III, pouvait être d’une grande valeur. De lourdes tentures d’un vert décoloré pendaient aux deux fenêtres.

Dans un coin, il y avait une commode du premier Empire à table de marbre. Au-dessus de cette commode une étagère-bibliothèque, et, dans cette bibliothèque, une douzaine de vieux ouvrages dont je lus quelques titres : Judas et Satan, Le Sabbat, L’envoûtement tel qu’on le pratiquait au moyen-âge, Les Sorciers du Jura…

Je ne pus m’empêcher de sourire à cette accumulation de littérature diabolique et je me disposais à me retirer quand je fus arrêté par l’attitude de l’armoire à glace.

J’allai à l’armoire. Celle-ci était un meuble du milieu du xviiie siècle, travaillé de délicates sculptures du style le plus délicieusement rococo, à même le bois qui avait perdu par endroits sa peinture. On avait déshonoré les panneaux en y incrustant des glaces, et ceci était d’un luxe relativement moderne que j’aurais sincèrement regretté si je n’avais été plus occupé, comme je vous l’ai dit, par l’attitude de ce meuble, que par le meuble lui-même.

On eût dit un meuble ivre, cherchant un