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Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/312

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ne dira plus que votre maison, comme vous nous l’avez annoncé avec la plus triste ironie, porte malheur

Mais le gentilhomme m’interrompt.

— Je me moque de ce qu’on dit dans la montagne !… Vous ne coucherez point dans cette chambre ; on n’y couche plus… on n’y a point couché depuis cinquante ans…

— Et qui donc y a couché pour la dernière fois ?

— Moi !… et je ne conseillerai jamais à personne d’y coucher après moi !

Ceci est dit sur un tel ton de colère mêlée d’effroi que mon désir et ma curiosité redoublent.

— Il y a cinquante ans ! Vous étiez un enfant, à cette époque ; à l’âge où l’on a encore peur, la nuit…

— Il y a cinquante ans, j’avais vingt-huit ans !

Vingt-huit ans ! Ainsi cet homme a soixante-dix-huit ans ! Qui l’eût crû ? Il est si droit, si haut, si volontaire !

Ah ! c’est un beau spectre de vieillard bien vivant !

— Mais enfin !… est-il indiscret de vous demander ce qui vous est arrivé dans cette chambre ? Moi je viens de la visiter et il ne m’est rien arrivé du tout. Elle m’a bien paru la plus